Une journée à l’école dans le camp de Calais

Une journée à l’école dans le camp de Calais
Dans le camp de Calais, nous soutenons l’Ecole Laïque du Chemin des Dunes, où nous avons passé une journée avec les réfugiés et les bénévoles. Récit d’un moment hors du temps entre espoirs, solidarité et fraternité.

Dans la cour de l’école, un petit groupe discute autour du poêle avec un café. Parmi eux, Sylvie, enseignante bénévole, récite avec un jeune les conjugaisons des verbes irréguliers anglais du deuxième groupe. « Allez, on se voit mardi pour le cours de 15h », lui dit-elle en le serrant dans ses bras. Sylvie bavarde avec les parents d’élèves. Ils se réunissent ici tous les jours, profitent du temps où leurs enfants ont classe pour partager un temps d’échange et de répit.

Espace de rencontres et de soutien, l’école redonne un visage humain à ceux qui ont tout perdu. « Grâce aux liens qu’on crée ensemble, les réfugiés sortent du vase-clos du camp », raconte Margaux, binôme de Sylvie dans la classe des adultes. Son portable sonne : c’est Ahmed, parti il y a deux semaines dans un centre d’accueil, qui lui écrit pour qu’elle lui rappelle la différence entre les deux futurs en anglais. « L’amitié et l’apprentissage continuent à distance », commente-t-elle, un sourire en coin, en tapant sur son clavier pour lui répondre.

Quand il y a cours, la classe des adultes rassemble jusqu’à vingt élèves. Pour le moment, seuls deux jeunes sont assis au fond de la salle ; ils s’affairent sur une feuille de papier. « On prononce comme ça », explique le premier. « Et ça, il faut l’écrire avec un –s », ajoute le second. Sylvie range le matériel de peinture sur l’étagère. A l’Ecole laïque du Chemin des Dunes, les activités artistiques et culturelles côtoient de près les cours de langue. « Ici, l’échange interculturel est au cœur de l’apprentissage, explique Sylvie. Cette dynamique met tout le monde sur un pied d’égalité. »

 

 

De l’autre côté de la cour, les enfants terminent leur journée. Leur enseignante, Nathalie, s’assied sur un banc et les regarde grimper sur l’aire de jeux, glisser sur le toboggan, rire. « Les enfants comprennent de mieux en mieux le français, se réjouit-elle. Ils arrivent mieux à se concentrer et à respecter les règles de la classe. » Elle raconte comment l’équipe de l’école est allée démarcher les familles quand la classe s’est ouverte et se félicite qu’aujourd’hui, les parents amènent d’eux-mêmes leurs enfants. « Mais ils sont tous en transit. Un jour, ils s’en vont. C’est difficile sur le plan humain et pédagogique. »

Brigitte arrive, elle est inquiète : « ils vont déplacer le camp. » Malgré les problèmes sanitaires indéniables, la vie s’est organisée au Chemin des Dunes. Commerces, restaurants, baraques en dur… Ce processus d’autonomisation donne l’impression de contrôler cette vie qui leur échappe. « S’ils enlèvent l’école, ils enlèvent le lien social, s’indigne Nathalie. J’espère qu’ils seront soucieux de proposer une solution favorable au vivre-ensemble. »

L’école est finie pour aujourd’hui. Quelques élèves s’animent encore dans la cour, discutent avec des bénévoles anglais qui font le point sur les travaux de la journée. Les Eclaireurs, qui ont participé au chantier de l’infirmerie postée à côté de l’école, rangent le matériel dans leur voiture. Au loin, le bourdonnement des génératrices témoigne de l’activité du camp. La nuit s’annonce encore une fois trop froide.

 

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