Liban : le défi de la laïcité

Liban : le défi de la laïcité
Voici bientôt 30 ans que l’association TWT agit au Liban pour les populations les plus défavorisées. Dans ce pays où règne le communautarisme, la laïcité est un levier pour promouvoir le vivre-ensemble au-delà des différences. Reportage.

« Avec nos ressemblances et nos différences, apprenons à vivre-ensemble » : c’est avec cette conviction que l’association TWT – Les Jardins de la Paix agit depuis bientôt 30 ans au Liban. Née pendant la guerre, son objectif est de soutenir les populations oubliées. « Nous nous sommes installées à Saïda, parce que c’était l’un des territoires les plus délaissés des pouvoirs publics, explique Joseph Tohmé, co-fondateur de l’association. C’est par là qu’arrivait la violence, du fait de la frontière avec Israël ; c’était donc de là que devait venir la paix. »

Santé, alphabétisation, handicap, petite enfance… Le champ d’intervention de TWT est large. Ce que ses actions ont en commun ? « La laïcité et la lutte contre les discriminations. Nous ciblons les groupes sociaux les plus fragiles à un moment donné, quelle que soit leur couleur, leur religion et leur sexe, continue Joseph Tohmé. Ce qui importe, c’est d’aider ceux qui en ont le plus besoin pour garantir au mieux des conditions de vies décentes à chacun. En réduisant les inégalités, on réduit la haine et on améliore le vivre-ensemble. »

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« Plus grandes sont les inégalités, plus vif sera le ressentiment, plus violente sera la haine » Joseph Tohmé.

Une aventure humaine

 

Le réseau de bénévoles qui gravite autour de l’association fait la grande force du projet. Issus pour la plupart des formations professionnelles proposées par TWT, ils essaiment leur savoir-faire tant à Saïda que dans les autres territoires. « La plupart des acteurs sociaux ont été formés chez nous : éducateurs, assistants sociaux, infirmiers, animateurs… L’action sociale a été beaucoup négligée par l’Etat et donc accaparée par les communautés religieuses ; l’accès aux services coûte très cher et n’est pas accessible à ceux qui en ont le plus besoin.»

Au sein de l’association, l’ensemble du personnel est laïque. « Attention, ça ne veut pas dire que tout le monde est athée ! » précise Joseph Tohmé. Il raconte alors cet exemple d’une femme qui a demandé à sa communauté religieuse l’autorisation de travailler dans une association laïque et qui expliquait : « Pour exercer ma foi jusqu’au bout, je dois aider ceux qui en ont besoin, sans distinction. » « C’est ça, la laïcité, conclut Joseph : respecter l’humain, ce qu’il est et ce qu’il croit, et refuser toute forme d’injustice et de discrimination. » Utopie ou non, c’est cette lutte contre les inégalités par l’éducation et l’accès aux droits fondamentaux qu’il faut à tout prix défendre aujourd’hui si nous souhaitons construire un monde plus juste.

 

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