Colombie : des enfants construisent la paix avec d’anciens FARC et paramilitaires

Colombie : des enfants construisent la paix avec d’anciens FARC et paramilitaires
Comment construire la réconciliation quand chaque Colombien pleure un parent victime d’une guerre longue d’un demi siècle. La Fondation Enfances 2/32 France Colombie propose aux enfants et aux anciens paramilitaires un projet culturel qui transforme la haine en désir de paix. Récit.

Lorsqu’on l’a informé que la Fondation Enfance 2/32 avait été choisie par l’Agence Colombienne pour la Réintégration pour recevoir 25 anciens paramilitaires et combattants des FARC, Jesus Calle, le Président Fondateur, a hésité : « Nous sommes habitués à travailler avec les enfants. Mais comment allions nous gérer cette situation entre victimes et tortionnaires ? Comment parler de la guerre, des plaies et en même temps enclencher un processus de pardon et d’entretien de la mémoire ? »

 

Chamán y coordinador programa ACR

« En Colombie, chaque personne a au moins un membre de sa famille qui a été victime de la guerre et en porte le deuil, poursuit Jesus. Nous savions que beaucoup d’enfants auraient du ressenti à l’égard de ces anciens guerrileros et  paramilitaires. »  Décision est prise de se lancer dans ce projet, promesse d’avenir. « Dès l’arrivée des anciens combattants, nous avons fait le choix de crever l’abcès afin de rétablir le dialogue avec les enfants. Nous avons demandé à chaque enfant de faire le portrait d’un de ses parents victime du conflit, dans le cadre d’un travail historique et culturel. Les portraits ont ensuite été exposés sur un grand panneau que nous avons appelé « le mur des victimes ».

 

Depuis le lancement du projet, une cinquantaine d’anciens combattants ont été confrontés à ce mur réalisé par les enfants. « quand ils entrent dans ce salon de la paix, ils mettent pour la première fois un visage sur leurs victimes et beaucoup sont très émus. Ils demandent pardon, ignorant que derrière le mur, les enfants les entendent. »

Les enfants s’adressent alors aux anciens combattants en leur remettant des « bâtons de la paix », une cérémonie inspirée des rituels d’ethnies colombiennes, et leur accorde le pardon: « Je suis d’accord, je te pardonne. Nous travaillons dans la liberté, pour l’égalité dans la construction d’une nouvelle société ».

 

La construction du salon de la paix

Ceremonia del perdo╠ün 5a Gira Comisio╠ün Sur-SurUne fois cet engagement pris, les anciens combattants passeront 3 mois à la fondation et participeront à l’effort de construction de nouveaux espaces pour les enfants : la bibliothèque, l’espace sportif et le Salon de la paix. « Il y a de durs guérilleros qui, au contact des enfants, se mettent à changer. C’est incroyable, pour nous, qui n’avons connu que la guerre, on ne pensait pas que cela pourrait arriver un jour», souligne Jesus Calle, très ému.

Pour lui, comme pour tous les responsables de la Fondation, ce travail de réconciliation, en impliquant la jeune génération, est essentiel. Car en effet, il reste en Colombie beaucoup d’ennemis de la paix, comme le montre l’attentat survenu le week-end du 17 juin dans un centre commercial Andino à Bogota. Il ne s’agit pas seulement de groupes armés mais également d’une bonne partie de la population, qui ayant perdu un ou plusieurs proches, conçoit le processus de paix comme une trahison orchestrée par les pouvoirs publics. Cela explique en partie le rejet de ce processus survenu lors du référendum d’octobre dernier. « Le rôle des organisations de la société civile est crucial, conclut Jesus Calle. Nous devons construire cette paix qui, pour la première fois depuis 50 ans, semble possible. Mais pas gagnée ! »

 

En savoir plus sur la Fondation Enfance 2/32

En Colombie, la Fondation Enfance 2/32 accompagne 240 enfants et 60 mères et pères au quotidien. Grâce à la solidarité de centaines de donateurs, Solidarité Laïque soutient ce centre éducatif et social qui forme de futurs citoyens bâtisseurs de paix.

 

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