


Michel Debon De Beauregard
Vice-Président de Solidarité Laïque
La laïcité en action dans nos programmes, en France et à l’international !
Notre Union s’est construite sur le principe de laïcité. Il fonde notre identité et nous rassemble, syndicats, associations, mutuelles !
Si la laïcité est une liberté, ce n’est pas une idéologie. Elle est consubstantielle de principes fondamentaux tels que les droits humains et citoyens, elle leur donne corps.
Défendre la laïcité aujourd’hui, c’est rappeler ses vertus, ou plus encore mettre en lumière ses résultats et l’appliquer sans nuances. Nous le faisons chaque jour dans nos actions et nos projets à l’international ou en France.
Avec notre programme “Jeunes des 2 Rives” en Méditerranée, nous invitons les jeunes à s’ouvrir aux autres et à agir sur le monde. Ils viennent de différentes villes, de différents quartiers, de différentes rives de la Méditerranée. Ils.elles apprennent à se parler, à s’écouter, à se comprendre et à vivre ensemble. Uni.e.s ainsi dans leurs singularités, ils.elles prennent conscience de leurs capacités collectives à coopérer, à s’associer et à agir ensemble pour transformer la société et le monde qui les entourent.
Célébrer les 120 ans de la laïcité ce n’est pas seulement se souvenir, c’est agir !
C’est resserrer les rangs, accueillir de nouvelles volontés, choisir ses partenaires dans la diversité, dans le dialogue, dans le respect. C’est tout l’intérêt de notre Union qui travaille dans des logiques multi-acteurs. C’est une des clés, un des indices de la réussite de ces actions sur le terrain.
Agir donc ! Et surtout inventer, créer, avec les autres, de nouvelles initiatives et ainsi, partout, tout le temps, s’informer, se cultiver, se mettre à niveau des nouveaux enjeux, des nouvelles techniques, des nouvelles recherches. Sans cesse cultiver le dialogue et la parole !
L’éducation est notre moyen d’agir ! Une éducation où les enfants, puis les adolescent.e.s, puis les adultes apprennent à écouter l’autre, à s’intéresser aux différences, à questionner leurs convictions et à trouver des voies de construction collectives, notamment au travers de l’économie sociale et solidaire.
Une éducation, basée sur le respect des différences, des convictions, qu’elles soient religieuses ou non, vues comme le droit fondamental de chaque individu libre de croire en ce qu’il veut ou de ne pas croire, sans que cela exerce une pression sur la société, le droit de l’Autre. Une éducation laïque donc.
Nos équipes en Haïti l’ont bien compris et soutiennent l’émergence de communautés éducatives rassemblant toutes les énergies locales. Catholiques, baptistes, pentecôtistes, évangéliques, musulman.e.s, adeptes du Vaudou, athées… travaillent ensemble à dépasser leurs différences, maintiennent le dialogue, s’engagent pour le bien de l’éducation de leurs enfants et leur transmettent des valeurs essentielles, notamment le respect de l’autre, pour la construction de leur vie et du bien commun.
La laïcité est pour nous une voie pour des lendemains plus justes et plus solidaires, creuset de progrès humain et d’un monde meilleur !


Michel Debon De Beauregard
Vice-Président de Solidarité Laïque
La célébration du 120ème anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905 nous donne l’occasion de rappeler combien la laïcité est essentielle à l’agencement de la vie démocratique. Nos associations rejoignent ainsi l’intention de la Constitution qui en a fait, en la plaçant au service de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, l’un des principes fondateurs de la République.
Reliant la France à la communauté des nations démocratiques, la laïcité trouve son origine dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
- En fixant « le principe de toute souveraineté dans la nation » (art. 3), la Déclaration affirme l’autonomie du pouvoir politique à l’égard des lois divines ;
- En affirmant que « nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » (art. 10), elle permet à chacun de pouvoir choisir en toute indépendance ses propres croyances ou convictions.
Se manifeste là une rupture décisive avec l’ordre d’Ancien Régime, fondé sur la primauté et l’unité de foi. Il est revenu à la législation de la Troisième République de confirmer le dispositif établi en 1789. La loi du 9 décembre 1905, dont le Conseil d’État a pu rappeler qu’elle était la « clé de voûte » de la laïcité française, couronne la construction laïque en instituant la séparation des Églises et de l’État.

Le texte, s’il contient des dispositions techniques concernant l’organisation interne des cultes, comporte surtout deux éléments fondamentaux.
– Il consacre d’abord la liberté de conscience, considérée dans sa double dimension individuelle et collective. Celle-ci apparait dès l’article 1er.
La liberté appelle ainsi l’égalité : la loi protège identiquement les croyants et les non-croyants, sans qu’on ne puisse discriminer quiconque à raison de ses opinions religieuses ou convictionnelles.
– Ensuite, en affirmant, dans son article 2, que « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte », la loi affirme la neutralité de l’État.
Ce dernier doit se tenir à égale distance de toutes les conceptions englobantes du bien, afin de préserver le droit à l’égale liberté de conscience des citoyens.
Or, au cours des trois dernières décennies, le régime de laïcité a subi un dévoiement de ses principes originels : il était hier un dispositif de protection de la liberté individuelle ; il est devenu un appareil de défense de la prétendue « identité nationale ».
À la laïcité de l’autonomie s’est substituée celle de la surveillance. Issue du refus d’accepter l’ouverture de la société actuelle à la pluralité de ses composantes culturelles, en contrant ainsi l’éthique universaliste de la République, elle révèle une conception identitaire, et parfois ethnique, de la nation.

Ce nouveau modèle a pris une nouvelle forme juridique, à travers une succession de lois et de règlements qui ont trouvé leur consécration limitative dans la loi du 24 août 2021 visant à « conforter le respect des principes de la République ».
Cette législation inédite a introduit, en rupture avec les principes de 1905, une double mutation. Jusque-là, l’impératif de neutralité ne valait que pour les espaces et les agents de l’État ; l’espace social étant, en revanche et sous réserve des exigences de l’ordre public, une zone d’expression ouverte à l’expression de la pluralité des convictions. Or, en témoignent certaines propositions de loi récentes, on réclame désormais l’extension de la règle de la discrétion en matière religieuse aux citoyens ordinaires.
Ensuite, la « nouvelle laïcité » a, par un mouvement parallèle, réduit la sphère de la liberté. En agitant le chiffon rouge du « séparatisme », en faisant valoir auprès de certains de nos compatriotes, leur « devoir d’émancipation », en se faisant en cela le gardien des bons comportements, l’État est entré, sur les questions religieuses et convictionnelles, dans des domaines qu’il laissait jusque-là entièrement libres.
Il intervient ainsi en règlementant le port du vêtement. Il soumet les collectivités locales à des contrôles inédits. Il réduit le champ d’autonomie à la fois des associations cultuelles et des associations ordinaires. Malgré le principe de séparation, la loi du 24 août 2021 va jusqu’à offrir la possibilité aux préfets de refuser à certaines la qualité d’associations cultuelles, les obligeant par ailleurs à de lourdes démarches administratives, renouvelables tous les 5 ans, menaçant ainsi leur pérennité.

Faut-il se résigner à cette dérive autoritaire ?
C’est, au contraire, à la résistance que nous voulons appeler.
Notre idée est que cette nouvelle interprétation vient accentuer la défiance au sein de la société et empêcher un vivre ensemble harmonieux.
Sans nier certes l’importance d’intégrer les citoyen.ne.s dans un espace public partagé organisé autour du respect de la liberté d’autrui et de la recherche de l’intérêt commun, nous appelons à rétablir la laïcité sur ses bases historiques, en retrouvant la vision originelle qui en faisait un système de promotion de la liberté et non de surveillance de l’opinion.

Dans cette perspective, il s’agit de répondre à trois objectifs.
1. Refaire droit à la liberté de conscience
Chacun.e doit pouvoir exprimer jusque dans l’espace social ses propres convictions et croyances sans qu’on lui impose, au nom d’un ordre moral que l’État se chargerait de définir, une quelconque invisibilité sociale, ni une artificielle homogénéité idéologique.
2. Reconstruire l’indépendance de la sphère politique
L’un des grands motifs de la loi de 1905 a été de placer l’État en dehors de tout contrôle des Églises. Nous souhaitons renouer avec cette visée, qui est la condition d’une action publique autonome laissée, loin de toute soumission aux diverses cléricatures, aux seules déterminations de la délibération civique.
3. Renouer avec l’idée de droit social.
Au moment de la délibération de 1905, plusieurs défenseurs de la loi avaient affirmé, tel Jean Jaurès, que “la République ne resterait laïque qu’à la condition d’être sociale”. Il ne peut y avoir de réelle liberté indépendamment de l’amélioration des conditions matérielles dans lesquelles se déploient les existences individuelles.
Retrouvons le sens de la laïcité, battons-nous pour une laïcité de liberté qui se nourrit de fraternité et de bien commun, assurons-lui un avenir !
Les signataires de cette déclaration
Jean-Louis Bianco (Président honoraire de la Vigie de la Laïcité)
Christian Eyschen (Secrétaire général de la Libre Pensée)
Anne-Marie Harster (Présidente de Solidarité laïque)
Emmanuelle Huisman Perrin (Responsable laïcité à l’Union rationaliste)
Hélène Lacassagne (Présidente de la Ligue de l’Enseignement)
Nathalie Tehio (Présidente de la Ligue des droits de l’Homme)