“Le métier d’enseignant, quand tu l’aimes, c’est pour de bon”

“Le métier d’enseignant, quand tu l’aimes, c’est pour de bon”
Qui sont ces hommes et ces femmes qui agissent au quotidien pour l'éducation au nom de Solidarité Laïque ? Portrait d’Alain Robert, bénévole engagé depuis plus de 15 ans à nos côtés…

Quelle mouche a piqué Alain, cet enfant des Charentes, à monter un collectif pour l’éducation des enfants d’Haïti ? De La Rochelle, à Port-au-Prince, d’un attachement à ses racines à une solidarité dépassant les frontières, sa vie teintée d’éducation, d’histoire, de sport et de solidarité souligne une volonté à toute épreuve de construire la fraternité par-delà les océans.

 

Un moyen de mettre en adéquation sa fibre relationnelle et sa passion pour l’histoire

Alain est avant tout un enfant de Charente-Maritime, il ne quitterait sa région que pour laisser libre cours à ses envies de voyage. Mais toujours en gardant à l’esprit d’où il vient. On peut facilement comprendre qu’il partage avec les habitants de la Rochelle un lien très fort. Pas une balade dans les rues rochelaises ne se passe sans être interpellé par quelques badauds. Son engagement est intimement lié à cette région et son environnement.

 

Avec Alain, tout porte sur le collectif. Il a fait les heures glorieuses du basket rochelois : médaillé d’argent de la FFBB (fédération française de basket-ball), 10 ans en 2e et 3e division au club de Rupella dont il finira capitaine. Il officie également comme guide touristique au Musée du nouveau monde qui relate l’histoire négrière de la ville. Un moyen de mettre en adéquation sa fibre relationnelle et sa passion pour l’histoire. Mais la plus grande partie de son temps, il la consacrera à l’éducation…

 

« Rien n’est jamais acquis en matière de pédagogie »

Il commence comme instituteur remplaçant dans des classes de « transition », avec des élèves qui semblent être restés sur le bord de la route. Une expérience qui construit son tempérament altruiste et une éthique du chercheur : car rien n’est jamais acquis en matière de pédagogie, surtout quand il s’agit de permettre à chacun et à chacune de trouver sa place dans la société et de construire les outils de son émancipation. Successivement professeur d’histoire au collège, instituteur et maître formateur, Alain reste passionné : « Le métier d’enseignant, il est incroyable !  Quand tu l’aimes, c’est pour de bon »

 

Mayotte, où il a passé 4 ans à l’IFM (Institut de Formation des Maîtres) dans des conditions compliquées, a renforcé sa volonté d’agir pour les populations les plus exclues. Après une dernière année d’enseignement à La Rochelle avant de « laisser la place aux jeunes », c’est naturellement qu’il se consacre à lutter contre les inégalités.

 

Un engagement sans retenue pour soutenir l’éducation en Haïti

Sa rencontre avec Maïté Nevers, alors déléguée départementale de Solidarité Laïque et très active sur les actions de développement en Haïti, agit comme un déclencheur : « ça a été une évidence… Compte tenu de l’histoire de ma ville et de mes convictions, je ne pouvais que dire OUI ! ».  Alain s’engage alors sans retenue avec sa délégation pour soutenir l’éducation en Haïti, dans les régions de la Grand’Anse, à Jérémie, à Roseaux et à Baliverne. L’aventure durera 15 ans.

 

Tout a commencé par la formation d’enseignants. Rapidement, des divergences en termes de méthodologie seront soulevés. Alain nous précise : « Les enseignants m’ont rapidement fait comprendre qu’il n’avait pas besoin d’une formation à l‘occidentale mais en adéquation avec leur culture et leur réalité ». C’était une certitude pour un formateur qui a toujours mis au cœur de son travail une pédagogie participative et un partage d’expériences. La réciprocité est un facteur fondamental pour construire une relation de confiance.

 

Une formidable dynamique de coopération et de solidarité 

Suite à l’ouragan Matthew en 2016 qui a entraîné la déscolarisation de plus de 450 000 enfants, une mobilisation forte est menée pour soutenir la reconstruction d’écoles, de bibliothèques, … et permettre aux élèves de retrouver au plus vite le chemin de l’école. Très investi, de nombreuses missions sont menées en Haïti et au plus près des populations. « Je vois un sourire, d’un gamin en Haïti … voilà ma récompense ! On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux » citant un de ses auteurs favoris. Des liens humains très forts se créent au fil des rencontres et une formidable dynamique de coopération et de solidarité se met en marche : collecte auprès des commerces, appel à dons auprès des habitants de la région suite au passage de l’ouragan, organisation de concerts, conférences, vide-greniers… « C’est aussi une occasion de sensibiliser aux enjeux du développement et de la solidarité internationale, rappelle Alain. Quand des enfants vendent leurs jouets au profit des enfants haïtiens, que des jeunes organisent une campagne de collecte de fournitures scolaires ou des tombolas, comme au stade rochelais, ils vivent une expérience unique, celle de la fraternité. »

 

Une valeur centrale qui aura finalement structuré ce parcours d’humaniste, modeste et incorrigible optimiste. Depuis quelques semaines, il a passé la main à son successeur, Guy Brissé, mais concède qu’il restera attentif. Après ces années d’engagement liés à ses passions, il va prendre le temps de se consacrer à sa famille et ses petits-enfants. Alain conclut : « J’ai eu de la chance de réussir ce que j’ai entrepris… dans le sport, dans l’éducation et dans ma vie de famille ».

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