Quels sont les défis majeurs que doit relever la France en matière de droits des enfants migrants ?
Parmi les droits de l’enfant les moins bien respectés en France, nous sommes très préoccupés par les atteintes graves faites aux droits fondamentaux des enfants migrants en matière de protection, d’éducation et de santé et nous interpellons régulièrement les pouvoirs publics. Il faut cesser de considérer ces enfants d’abord comme des étrangers. Tout enfant présent sur le sol français doit bénéficier des mêmes droits et de la même protection.
Partout dans le monde, les enfants et les jeunes interpellent sur la situation de la planète. Pensez-vous qu’il y a là une occasion pour que le droit à la participation des jeunes soit mieux pris en compte par les pouvoirs publics et des Etats ?
La mobilisation des jeunes pour l’environnement et leur engagement pour protéger la planète sont une magnifique occasion de montrer aux adultes, qui l’oublient trop souvent, qu’ils sont des membres actifs de notre société, dont l’opinion et la parole doivent être pris au sérieux. Soudain, les Etats et les politiques se rendent en effet compte de l’importance de reconnaître les enfants comme des sujets de droits et des personnes à part entière au même titre que les adultes. Sans oublier les milliers d’enfants et adolescents, partout dans le monde, qui s’engagent pour la défense des droits humains ! Dommage qu’il ait fallu attendre aussi longtemps après l’adoption de la CIDE !
L’opération « J’ai des droits, entends-moi » que vous avez organisée avec 50 organisations de la société civile, dont Solidarité Laïque, vise à favoriser la participation des enfants. En quoi celle-ci peut-elle contribuer à une meilleure application de la CIDE ?
La consultation des moins de 18 ans que nous avons lancée cette année s’inscrit dans le cadre de nos missions de mécanisme indépendant de suivi de l’application de la CIDE, ainsi que des recommandations adressées à la France début 2016, par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU. Elle a pour objectif de demander leur avis aux enfants sur l’effectivité de leurs droits. Avec une priorité : les enfants en situations de vulnérabilité, qui se trouvent être les plus victimes d’atteintes à leurs droits : enfants pauvres, étrangers, handicapés, …
2200 enfants ont participé aux ateliers organisés sur l’ensemble du territoire national avec le soutien de nombreuses associations, parmi eux 7 enfants sur 10 ne connaissaient pas leurs droits et ne s’étaient jamais exprimés ! Leurs 276 propositions d’amélioration du respect de leurs droits seront publiées le 20 novembre prochain.
Quels rôles des organisations de la société civile comme Solidarité Laïque et ses membres peuvent-elles jouer à vos côtés ?
Les acteurs de la société civile ont un rôle primordial d’alerte sur les réalités vécues par les enfants, au sein de nos comités d’entente ou dans le cadre de notre suivi opérationnel des recommandations du Comité de Genève. Ils contribuent largement à mieux faire connaître les droits de l’enfant, auprès de tout public. De plus, nombre d’entre eux se sont engagés à nos côtés pour conduire notre consultation, et combattre ensemble les attitudes qui entravent le droit des enfants à être entendus.
Geneviève Avenard
Défenseure des enfants, adjointe au Défenseur des droits Jacques Toubon, Présidente du Réseau européen des défenseurs des enfants (ENOC)
https://www.defenseurdesdroits.fr/
Site de la consultation : https://entendsmoi.defenseurdesdroits.fr/
Illustration principale : © Din Mohd Yaman / Shutterstock
A l’approche des 30 ans de la Convention Internationale des Droits de l’enfant, sensibilisez aux droits de l’enfant !
Retrouvez nos outils pédagogiques en lien avec cette thématique