Le droit à l’éducation ne s’arrête pas à la majorité !

Le droit à l’éducation ne s’arrête pas à la majorité !
Ils s’appellent Sékou, Laye... ont quitté leur pays alors qu’ils étaient encore mineurs pour une vie meilleure. A leur majorité, l’Etat français leur ordonne de quitter le territoire, alors même qu’ils ont le droit à une continuité éducative.

Depuis quelques jours, deux employeurs sont contraints de médiatiser la situation de leurs jeunes apprentis et juste majeurs visés par une OQTF, obligation de quitter le territoire français. Indignation citoyenne, gâchis, irrespect du parcours d’intégration et d’insertion professionnelle de ces jeunes, est-ce aux habitants, aux employeurs de faire du bruit sur des situations inacceptables dans notre pays ? Le droit à l’éducation ne s’arrête pas à la majorité. C’est un droit tout au long de la vie et la continuité entre scolarité et parcours professionnel doit être soutenu et garanti par l’Etat.   

Deux parcours qui en illustrent des milliers d’autres sur le territoire français  

Sékou a fui la Côte d’Ivoire pour une vie meilleure et a entrepris un voyage périlleux de plus de 6000 kms. Arrivé en France à sa minorité, il a pu être protégé comme tout mineur, au nom de la Convention internationale des droits de l’enfant, et être scolarisé. Aujourd’hui apprenti cuisinier et en stage professionnel à Argentan (Orne), il a eu 18 ans fin novembre.  

Laye a fui la Guinée au péril de sa vie et a traversé la Méditerranée sur un bateau gonflable. En France il a pu suivre une formation professionnelle, un CAP de boulangerie et est apprenti à Besançon depuis un an et demi. Il vient également d’avoir 18 ans.  

Ces deux jeunes majeurs sont aujourd’hui menacés d’expulsion et risquent d’être placés en rétention avant d’être renvoyés dans le pays qu’ils ont fui par peur, par sécurité et survie. Ils risquent l’expulsion en dépit de leur scolarisation en France, de leurs formations professionnelles qui ne sont pas finiesL’employeur a entamé une grève de la faim pour alerter les autorités.  

« Je ne suis qu’un simple boulanger, mais je pense qu’il y a des choses incompréhensibles. »

Pendant ce temps-là, à Besançon, ce boulanger se bat pour que son apprenti guinéen Laye reste sur le territoire français. pic.twitter.com/ujMrHUQSH3

— Brut FR (@brutofficiel) January 12, 2021

 

A ce jour, le gouvernement n’a daigné répondre à ses ces requêtes citoyennes, sauf la Ministre du travail évoquant un « cas particulier » pour Laye  

 

La majorité, une sentence pour de nombreux jeunes en cours de formation 

Mineurs isolés étrangers à leur arrivée en France, ils bénéficient de protection avec une prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) et aussi du droit à l’éducation. En devenant majeurs, le jour de leurs 18 ans, ils deviennent sans droits et sont potentiellement expulsables du jour au lendemain… anéantissant des parcours résilients de vie qui ont pu se construire dans l’espoir d’une nouvelle vie. Les démarches auprès du tribunal administratif pour tenter de faire reconnaitre ses droits et obtenir un titre de séjour sont longues, souvent plus de 6 mois, et les placent en grande vulnérabilité 

Pourtant, à la majorité, les Mineurs Isolés Etrangers (MIE) remplissant les 3 conditions suivantes obtiennent un titre de séjour : avoir eu une formation qualifiante, ne plus avoir de liens réguliers avec le pays d’origine et pouvoir justifier de son identité 

Cette dernière condition est une contrainte administrative forte pour ces jeunes qui ont tout quitté, alors mineurs et qui ont tout perdu durant leur péripleLes préfectures sont jusqu’auboutistes sur la présentation de papiers authentiques et le cas de Laye n’est pas un « cas particulier » comme l’affirme la Ministre du travail 

En dépit de la circulaire Darmanin (protocole d’accord entre les préfectures et les conseils départementaux qui gèrent l’ASE) sur l’examen anticipé des titres de séjours des MIE protégés par l’ASE, cette dernière sert davantage le repérage des « bientôt– majeurs » que la continuité éducative et l’insertion socio professionnelle de ces jeunes migrants.   

 

Pourtant le Droit à l’éducation ne s’arrête pas à la majorité.  

Ces deux histoires de Sékou et de Laye nous montrent qu’ils ont trouvé de la force et de l’autonomie avec l’éducation, ils se plaisent dans leur apprentissage et donnent satisfaction à leurs employeurs.  

Pourquoi tout anéantir sous des prétextes sécuritaires, comment oser rejeter des enfants ou des jeunes adultes que nous avons aidé à grandir ?   

Demandons à l’Etat français, l’allongement de sa prise en charge des mineurs isolés au-delà de leur passage à la majorité afin de leur assurer les plus grandes chances d’intégration possibles ! Pour favoriser l’accès à l’éducation (ODD4), il faut cesser d’interrompre la prise en charge des MIE au lendemain de leurs 18 ans alors qu’ils sont en plein cursus scolaire ou professionnel. Cette prise en charge doit être étendue jusqu’à la fin du cursus diplômant ou professionnel.  

 

Comment agir ?  

Faire connaître cette situation, s’indigner, en partageant cet article et tous les autres qui concernent ces situations.  

  • signer les pétitions en ligne pour Sékou et Laye (change.org)  
  • Partager cet article  
  • Utilisez les réseaux sociaux pour interpeler les décideurs   

 

Photos d’illustration : Francas 93

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