« Les freins au départ en vacances sont aujourd’hui multiples »

« Les freins au départ en vacances sont aujourd’hui multiples »
40% des français ne partent pas en vacances. La psycho-sociologue Joëlle Bordet analyse ces inégalités en scrutant ce qu’il en est aujourd’hui de l’accès aux loisirs et aux vacances. Un constat qui conforte Solidarité Laïque dans son engagement autour du programme Vacances et Insertion.

Le manque de revenus est-il le seul facteur qui explique ces inégalités ?

Il est bien évidement central mais c’est aussi en ce qu’il induit ou est induit par une situation sociale fragile. Quand on n’a pas de travail, on ne s’estime pas légitime à prétendre à des vacances. Le droit aux congés payés est une conquête de 1936. Pour autant, il a fallu du temps pour que les gens s’autorisent effectivement à partir en vacances. A l’époque, nombreux étaient ceux qui avaient du travail, or le travail est ce qui structure les vacances. La situation est différente aujourd’hui : de plus en plus de personnes enchaînent les petits boulots et vivent des périodes de précarité très insécurisantes. Cette fragilisation de l’accès à l’emploi stable a un impact sur les vacances. Dans ces conditions, y compris quand la situation personnelle des familles tend à s’améliorer, investir dans des loisirs est compliqué, souvent inenvisageable car vécue comme un risque.

 

Autrement dit, certains pourraient peut-être partir mais n’osent pas le faire parce qu’ils se sentent insécurisés ?

Oui, il y a l’incertitude liée à l’avenir. A cela s’ajoutent les risques qu’un départ loin du foyer induit dans l’esprit des parents. Je pense notamment aux familles monoparentales : la mère- le plus souvent-  se dédie entièrement à la vie de sa famille, la faisant vivre mais aussi assurant les équilibres relationnels parfois précaires. Tout cela prend beaucoup d’énergie et prendre le risque de bouleverser ces équilibres fait peur.

 

Cela signifie-t-il que cela nécessiterait un meilleur accompagnement de la part des acteurs publics, des services sociaux ou des associations ?

Oui, beaucoup de familles pourraient partir si elles y étaient incitées, si elles étaient rassurées et accompagnées. Avoir des « incitateurs », comme des organisations comme Solidarité Laïque qui aident au départ en vacances, est donc très important. Il est aussi fondamental de repenser les propositions de vacances, qui doivent répondre à la diversité des situations familiales ou individuelles, en particulier pour les jeunes. Bref, tout cela devrait conduire les pouvoirs publics à mieux suivre ces évolutions surtout à un moment où le secteur commercial s’adapte plus vite que le public. Il est donc urgent de réagir !

 

Découvrez l’ouvrage  » Oui à une société avec les jeunes des cités ! : Sortir de la spirale sécuritaire » par Joëlle Bordet paru  le 15 février 2007 aux Editions de l’Atelier

 

Solidarité Laïque se mobilise en partenariat avec l’ANCV pour permettre à des familles, des seniors et des jeunes en situation de fragilité de partir en vacances. Avec le lancement du programme Vacances et Insertion, 4293 enfants et jeunes et 2997 parents ont bénéficié de diverses actions de solidarité. Tout au long de l’été, Solidarité Laïque rencontre les familles et réalise des animations autour des droits pour créer du lien social. 

Pour l’année 2017, il est encore temps de soumettre vos demandes d’aide au départ. 

 

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