L’accueil périscolaire, un enjeu éducatif et social

En Tunisie, l’école rurale a longtemps été délaissée par les pouvoirs publics. Solidarité Laïque coordonne un programme avec des associations locales très mobilisées. L’objectif : lutter contre les exclusions en s’appuyant sur l’accueil périscolaire.

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Comment lutter contre les inégalités ? Alors que la révolution tunisienne de 2010-2011 avait mûri au terreau des injustices sociales, c’est à cette question que Solidarité laïque, avec ses organisations membres tunisiennes et françaises, a réfléchi : « Dans la région de Kasserine, le programme Soyons actifs/actives s’est décliné en un projet de développement de l’école rurale, dont s’est saisi un consortium associatif franco-tunisien, explique Guilhem Arnal, responsable Tunisie à Solidarité Laïque. « Kasserine est une ville importante du centre-ouest de la Tunisie. Mais, autour, en zones rurales, les écoles ont un fonctionnement et un équipement qui n’a quasiment pas changé depuis l’époque du président Bourguiba  », souligne Alain Isolphe, le président des Francas de l’Hérault qui participe au consortium [1].

 

Des écoles rurales isolées

« Nous avons tout d’abord fait une enquête auprès de tous les acteurs dans et autour de l’école : enseignants et directeurs, écoliers, familles, et jeunes diplômés chômeurs  », rappelle Nawfel Ichaoui, de l’association Amal. « Le diagnostic a notamment révélé que l’école rurale souffre d’isolement et est refermée sur elle-même. Pourtant, elle est souvent le seul lieu de lien social dans ce monde profondément rural. » D’autres problématiques ont été identifiées en vue d’actions futures : les écoles n’ont pas d’eau potable, l’équipement en mobilier et matériel de classe manque, les repas du midi ne sont que des en-cas, biscuits ou galettes, alors que les enfants font de longs trajets à pieds dans la campagne et restent toute la journée à l’école.

 

Vers un accueil de loisirs

L’aménagement des temps périscolaires est aussi un enjeu crucial : « en zones rurales, souvent, les enfants sont scolarisés soit le matin, soit l’après-midi. Mais quand ils viennent de loin, les fratries arrivent ensemble dès le matin et s’attendent pour repartir le soir. Sur une demi-journée, des enfants sont ainsi totalement désœuvrés. Nous avons donc pensé que sur ces temps péri-scolaires, des structures associatives pourraient proposer un accueil adapté », explique Alain Isolphe.Les Francas ont ainsi proposé de former des animateurs. « Nawfel est venu en France l’été dernier pour passer son Bafa et travailler avec nous en centres de loisirs, à Montpellier. L’objectif est qu’il devienne un référent formation. A terme, il s’agirait de mobiliser de jeunes animateurs tunisiens afin d’organiser avec eux une formation à l’animation, en respectant les spécificités tunisiennes. » Dès septembre, Nawfel Ichaoui va entamer un service civique international, avec France Volontaires, aux Francas de l’Hérault, afin qu’il rencontre des formateurs et des partenaires associatifs éventuels, et se constitue un réseau international.

 

Cap sur l’avenir

Le programme Soyons actifs/actives a mis les énergies en mouvement. « Cap désormais sur la mise en route d’un programme concerté pluri-acteurs pour développer l’accueil périscolaire sur le territoire, voire au-delà. L’enjeu : nouer progressivement des partenariats avec les acteurs publics tunisien (ministère de l’éducation, ministère de la jeunesse et des sports) en responsabilité sur ces questions et s’asssociaer avec d’autres acteurs de l’éduction population en Tunisie », conclut Guilhem Arnal, responsable Tunisie à Solidarité Laïque.

 

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