Pour quelle éducation nous battons-nous

Pour quelle éducation nous battons-nous
Rarement abordée, la question de la définition du mot "éducation" en questionne les objectifs. Comment permettre à chaque enfant de s'épanouir dans la société ?

« L’enfant n’est pas un vase qu’on emplit, mais un feu qu’on allume » écrivait Montaigne. Quelle éducation pour l’avenir ? Emplir de connaissances pour « s’employer » (étymologiquement « utiliser », « placer ») ou éveiller, « éduquer » (étym. « conduire hors de », « guider ») ? L’éducation est d’abord un droit qui « vise au plein épanouissement de la personnalité humaine », à l’émancipation au-delà de la seule capacité à être employé, utile. « Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations ». Or, aujourd’hui, de nombreux organismes (comme la Banque mondiale, l’OCDE…) sont prescripteurs des politiques mondiales et nationales en matière d’éducation, la restreignant à des indicateurs d’apprentissages, de compétences, le plus souvent didactiques car facilement évaluables. La privatisation des systèmes d’évaluation comme de formation s’en trouve facilitée comme en témoigne la marchandisation des diplômes. Par ailleurs, l’évolution accélérée grâce aux progrès technologiques et les nouvelles exigences écologiques posent la question de l’incertitude des métiers de demain. Ainsi, au-delà des compétences de base comme l’alphabétisation, évidemment fondamentales, les jeunes devront faire preuve de créativité, de compétences en communication, d’esprit critique (notamment pour bien décrypter l’information) et aussi de capacité de résilience.

 

Investir dans la qualité de l’éducation est la solution durable

Nous vivons une crise mondiale de l’apprentissage : les systèmes éducatifs n’arrivent pas à « retenir » les enfants sur les bancs de l’école, souvent par inadaptation au contexte et à la réalité du marché de l’emploi local, aux besoins et aux aspirations des familles. Dans de nombreux pays, le taux important de diplômés n’empêche pas des taux de chômage alarmants chez les jeunes, qui font parfois le lit du populisme et de l’exclusion. S’y ajoute la promesse souvent non tenue de l’équité sociale et territoriale. Investir dans la qualité de l’éducation est la solution durable pour mettre en adéquation insertion sociale et économique des jeunes. Par qualité des apprentissages, nous entendons une éducation adaptée au contexte local qui tient compte des besoins en termes d’emplois mais aussi en termes culturels et éthiques. C’est aussi valoriser certaines filières professionnelles et les apports de l’éducation hors de l’école, des alternatives qui permettent l’auto-entreprenariat et l’apprentissage par l’expérience. C’est encore donner des compétences pour demain qui permettent d’accéder à un emploi décent mais aussi à des compétences pour la vie : être utile à sa communauté, à sa « cité » et aussi à soi-même, dans la dignité.

 

La crise de l’éducation est peu visible mais n’en est pas moins cruciale pour l’avenir des sociétés, le développement économique et l’épanouissement de millions d’enfants et de futurs adultes. En dépit des décennies d’efforts pour que chaque enfant intègre une salle de classe, 263 millions d’enfants  et de jeunes à travers le monde, soit 1 sur 5, ne sont toujours pas scolarisés. Un chiffre qui stagne depuis dix ans pour les 6-11 ans et qui interroge notre capacité à atteindre l’Objectif du Développement durable (ODD) n°4 : l’accès universel à une éducation de qualité d’ici 2030.

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