Le Burkina Faso, entre crise sécuritaire et crise sanitaire

Le Burkina Faso, entre crise sécuritaire et crise sanitaire
Depuis le 16 mars 2020, les enfants bukinabés sont privés d’école, à cause du Covid19. Comment le Burkina Faso fera-t-il face à cette crise sanitaire sans précédent ? Pierre Sawadogo, Directeur de l’antenne Solidarité Laïque Afrique de l’Ouest, s’inquiète pour son pays.

Le 18 mars dernier, l’OMS a appelé le continent africain à « se réveiller » face à la propagation de la pandémie. Mais comment le Burkina Faso peut-il faire face à cette crise de cette ampleur avec les moyens dont il dispose ? Beaucoup de burkinabés n’ont pas accès à l’eau courante, à l’électricité, ou tout simplement à l’information… A cela il faut ajouter une sécurité alimentaire en danger. Certaines ONG pointent la menace d’une véritable crise humanitaireIl ne faudra pas attendre que la situation devienne dramatique pour agir.

 

L’urgence d’une réponse multisectorielle

Cette crise requiert la mise en place d’une stratégie multisectorielle urgente.  Pour beaucoup d’enfants, la rupture éducative sera particulièrement violente et risque d’être définitive. L’expérience montre que les moments de crise sont toujours propices au décrochage scolaire et aux prédateurs qui en profitent pour exploiter les enfants qui se retrouvent alors livrés à eux-mêmes. Alors que déjà, du fait de la menace terroriste, 225000 élèves sont privés d’écoles, et que 4 millions d’élèves du fait de la pandémie sont confinés chez eux, on peut s’interroger : combien parmi eux retourneront à l’école ?

 

Quelle continuité pédagogique au Burkina Faso ?

 

La double crise sécuritaire et sanitaire accentuera encore plus qu’avant les inégalités. Elle invite les gouvernants, les partenaires et les organisations de la société civile à penser à une transition éducative pendant cette période de crise.  Certaines chaînes de télévision nationales ont eu idée d’insérer dans leurs programmes des cours de philosophie, de mathématiques ou physique-chimie..). Bon point certes,  mais les cours sont adressés seulement aux élèves en classes d’examen. logiciels d’évaluation permettant un télé-enseignement  interactif et une évaluation basée sur les SMS sont aussi proposés par certains promoteurs.

Si l’initiative est louable, elle ne peut répondre à l’ensemble des besoins. La fracture numérique n’a jamais été aussi perceptible seulement 22% de Burkinabés ont accès à internet et les contenus pédagogiques ne sont ni numérisés ni accessibles à tous. Là encore, ce sont es enfants et les familles les plus défavorisés, mais aussi les enseignants qui sont peu nombreux à être équipés qui seront  discriminés.  Dans cette situation, il nous semble que la radio, très écoutée par les communautés en milieu rural peut être être une piste sérieuse car elle est plus accessible et moins coûteuse.

 

Le rôle des parents sera fondamental dans cette crise pour éviter ou réduire les décrochages scolaires, en particulier pour les filles. L’accent devra donc être mis sur le suivi des parents qui, dans un contexte particulièrement difficile, vont devoir construire un cadre éducatif propice au bon développement des enfants. Si, comme l’écrivait Victor Hugo, “ouvrir une école c’est fermer une prison”, alors on pourrait facilement dire que fermer des écoles c’est ouvrir mille prisons.

 

Pour nous tous, acteurs de l’éducation, il est clair qu’il faut en cette période de pandémie  nous pousse à développer davantage d’initiatives concrètes d’éducation à la santé.  C’est ainsi que nous renforcerons notre solidarité par l’éducation.

 

 

PIERRE SAWADOGO

Directeur de l’Antenne Solidarité Laïque Afrique de l’Ouest

Le Burkina Faso, entre crise sécuritaire et crise sanitaire

 

 

 

 

 

 

 

Propos de Monsieur Samuel Dembélé, Samuel Dembélé, Professeur certifié de Philosophie, Président du Conseil d’Administration de la Coalition Nationale Education pour Tous (CN-EPT BF) au Burkina Faso.

 

« Le système éducatif sans répondre aux attentes des besoins réels en termes d’accès et de qualité, fonctionnait par endroit de façon normale en dépit des attaques terroristes qui touchaient six régions de notre pays. Il s’agit des régions de la Boucle du Mouhoun, du Nord, du Centre-nord, du Sahel, de l’Est.

Il faut noter entre autres la fronde sociale avec les mouvements d’humeur et sociaux qui se déroulent de façon récurrente depuis quelques années dans notre pays. Tout cela a eu comme effet la fermeture de nombreuses écoles dans les zones les plus touchés mettant àla rue de nombreux élèves et enseignants. Deses retards ont aussi été pris dans l’exécution des programmes   Des réaménagements divers ont été faits pour s’adapter à cette situation, notamment dans les services sociaux scolaires et pour trouver un budget visant à sécru la sécurisation des écoles etc.

Depuis l’apparition du Covid-19, cette situation s’est aggravée par la fermeture des écoles et universités du pays à l’instar de la plupart des pays du monde, touchés par cette pandémie. Dès lors, de nouveaux défis s’invitent dans la liste de ceux déjà existants plongeant la communauté éducative dans l’incertitude. Les acteurs de la société civile que nous sommes, suscitent et proposent des possibilités pour les gouvernements de résoudre les problèmes en respectant leurs engagements et en adaptant les ressources diverses aux situations réelles de terrains et aux objectifs visés. Dans cette dynamique, il faut que les états s’apprêtent à une crise de longue durée qui ne fait que commencer et qui est mondiale. Les ressources financières et matérielles vont se raréfier et cela commande une révision de tous les programmes, projets et méthodes en cours pour résister à la crise. «

 

 

 

Le Burkina Faso, entre crise sécuritaire et crise sanitaire

Depuis 2018, l’antenne Solidarité Laïque Afrique de l’Ouest est installée à Ouagadougou. Solidarité Laïque et Aide et Action, avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD),  ont lancé en mars 2020, le programme Compétences pour demain au profit des jeunes des banlieues de l’Afrique Occidentale francophone. Depuis la crise du Coronavirus, des actions ont été orientées en direction de la sensibilisation du plus grand nombre, notamment via le réseau des Labis qui développe des outils de communication virtuelle avec les jeunes.

 

 

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